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L'adoration qu'est-ce que c'est ?

La veille de sa Passion, Jésus a pris du pain en disant "Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi." Les catholiques prennent cette parole très au sérieux, car si l'on croit qu'il a réellement le pouvoir divin de ressusciter après sa mort sur la croix, il peut aussi bien avoir celui de transformer le pain et le vin en son corps et son sang. Qui peut le plus, peut le moins ! Et il peut bien avoir également celui de conférer ce pouvoir aux prêtres lorsqu'ils célèbrent la messe. C'est pourquoi les chrétiens croient que le pain et le vin consacrés ne sont pas de simples symboles, mais une présence du Christ continuée et bien réelle que l'on appelle "le Saint-Sacrement".

On sait que les chrétiens primitifs conservaient le pain consacré pour le donner aux malades en dehors des célébrations. Et certains l'emportaient avec eux pour se prémunir des dangers des voyages – d'où le terme "viatique" pour désigner la dernière communion offerte aux mourants. Pour le conserver, on utilisait de petites boîtes placées sur l'autel ou au-dessus, les ancêtres du tabernacle. Au cours de l'histoire, beaucoup de mystiques ont pris conscience de cette Présence silencieuse continuée au-delà des offices et ont pris l'habitude de venir l'honorer par des visites personnelles.

La pratique de l'exposition publique du Saint-Sacrement remonte au XIIIe siècle, comme une réponse providentielle aux nombreux doutes qui surgissent sur la Présence réelle. Car il se produit à cette époque de nombreux miracles eucharistiques. Par exemple à Bolsena, en Italie, une hostie se met à saigner pendant la consécration. Afin d'exposer ces hosties miraculeuses à la piété des fidèles, les orfèvres créent les premiers ostensoirs en reprenant la forme des "monstrances" destinées à des petites reliques. L'usage se répand alors progressivement d'exposer également l'hostie consacrée, pour laquelle on invente un peu plus tard l'ostensoir en forme de "soleil".

L'adoration eucharistique est très populaire jusqu'au milieu du XXe siècle. Les prêtres missionnaires et les curés de paroisse en organisent fréquemment ainsi que des processions eucharistiques, voire des adorations continues sur 40 heures. Certains lieux de pèlerinage proposent même des adorations perpétuelles, jour et nuit. Des communautés – le plus souvent féminines – sont aussi instituées afin de s'y consacrer.

Dans les années 1970 et suivantes, l'adoration, trop liée au "Salut du Saint Sacrement", tombe en désuétude, car elle est pratiquée d'une manière de plus en plus formelle. Des curés "modernes" vendent même à des brocanteurs leurs calices dorés et leurs ostensoirs – qui appartiennent pourtant en France aux inventaires communaux ! – dans un "esprit de pauvreté".

L'adoration fait son retour à la fin du XXe siècle à partir des grands sanctuaires, tel le Sacré-Cœur de Montmartre, et des communautés qui ne l'ont jamais abandonnée. Mais aussi et d'une manière renouvelée, grâce aux communautés nouvelles où elle est souvent au centre de la pratique individuelle et collective. Parmi d'autres, l'Emmanuel la met en valeur dans sa vie communautaire et sa pastorale. Elle fait également retour dans des paroisses qui organisent selon leurs moyens des adorations mensuelles, hebdomadaires, voire perpétuelles.

Ce retour s'accompagne d'un renouvellement dans la façon de la pratiquer. Accusée d'être formelle dans le "Salut du Saint-Sacrement" dominical, où elle ne durait parfois que le temps de la récitation d'un Tantum Ergo, elle est vécue aujourd'hui comme un long regard de foi porté sur l'hostie consacrée, un temps de prière silencieuse centrée sur le cœur à Cœur avec Jésus. Un moment de présence mutuelle amoureuse pendant lequel le temps se transforme en Éternité. Ainsi l'expérience de l'adoration se transforme, d'une prière vocale formalisée à celle d'une rencontre qui se dispense de mots.

©2021 | ostensoir.fr | Jean-Didier Moneyron

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